L’annonce de la démission de Nicolas Demorand, le président
du directoire de Libération, dans les colonnes du Monde du 13 février, n’a pas
seulement surpris les observateurs des médias. Même les salariés, en interne,
ne s’attendaient pas à un tel dénouement, même s’ils n’avaient pas vu leur
patron depuis la crise de vendredi dernier. « Quelques signes auraient pu nous
laisser penser qu’il le ferait, mais l’on y croyait plus, nous explique Hervé
Marchon, délégué syndical SNJ. Dommage que sa décision n’ait pas été prise plus
tôt, cela aurait pu dénouer une partie de la crise ».
Les salariés promettent des propositions sur l'avenir du journal
Cette démission permettra-t-elle de le faire ? « Ce
n’est qu’un verrou qui saute », tient-il à préciser. Il est vrai que la
situation du journal est particulièrement dramatique. « Etre patron de Libé,
c’est passer son temps à chercher de l’argent pour éviter que le journal ne
mette la clé sous la porte, explique Nicolas Demorand dans le Monde. Ce qui a
failli arriver à plusieurs reprises depuis trois ans. Cette PME est fragile,
dans un secteur en crise, et manque chroniquement de capitaux. » Bruno Ledoux,
l’un des principaux actionnaires de Libération, a certes demandé un prêt à
Bercy et évoqué un « petit » apport des actionnaires, mais la situation est loin
d’être gagnée. Mais c’est surtout sur son projet de développement que Libération
s’en sortira. « Dans cette crise, les responsabilités sont partagées, et
nous y avons notre part », estime Hervé Marchon, qui reconnaît qu’il y
aura des efforts à faire. « Mais nous allons faire prochainement des propositions
à la direction sur l’avenir du journal », nous confie-t-il.
De son côté, Bruno Ledoux n’a pas abandonné son projet de déclinaison
de la marque Libé sur un réseau social, un restaurant…, qui avait déclenché les
foudres de la rédaction le 7 février dernier. Mais il devra d’abord le
présenter officiellement devant les instances du personnel… donc renouer le
dialogue avec les salariés. C’est à cette condition que Libération a une chance
de s’en sortir.
Une enquête de la rédaction