Eric Fottorino lance, le 9 avril, un nouvel hebdomadaire,
avec Laurent Greilsamer (ancien dirigeant du Monde), Natalie Thiriez et Henry
Hermand, un homme d’affaires qui a financé dans le passé des journaux comme
Esprit, le Matin de Paris ou la Quinzaine. Baptisé le 1, il abordera chaque
mercredi une grande question d’actualité à travers les regards d’écrivains, de
chercheurs, de philosophes, d’anthropologues, d’artistes, de poètes,
d’illustrateurs ou d’experts. Explication avec l’ancien directeur du Monde.
Les Clés de la
presse. Qu’est-ce qui vous a guidé dans cette décision de créer un nouveau
journal, avec un regard décalé sur l’actualité.
Eric Fottorino.
La presse écrite vit une grande mutation. A mon sens, il ne s’agit pas d’une
crise du papier, mais plutôt d’une crise des contenus, accélérée par le
développement des médias numériques. J’avais envie de me poser chaque semaine
une question sur l’actualité du moment, en donnant la parole à des regards
variés et très différents. Aujourd’hui, il nous faut penser différemment et
susciter les contradictions. Nous devons donner une profondeur au présent, car
le présent ne nous dit rien de l’avenir. Avec le 1, nous allons questionner la
question, donner envie à nos lecteurs d’aller plus loin.
Concrètement, à quoi
va-t-il ressembler ?
E.F. Ce n’est pas
un journal de plus, mais le journal qui me manque. Avec le 1, je propose de
revenir à l’unité du savoir, le relationnel et le sensible. Actuellement, les
journaux offrent trop de choses : je veux offrir une lecture plus
sécurisée et apporter de l’inspiration : en une heure, le lecteur doit
avoir été inspiré par les contributions de nos experts.
Quels sont vos
objectifs ?
E.F. Je souhaite
d’abord donner des idées à nos lecteurs, pour qu’ils soient plus instruits,
qu’ils puissent réfléchir et partager des idées avec nos auteurs. Mais la forme
est aussi très importante : le journal sera très visuel, avec des photos,
des infographies, des dessins pour rendre la lecture évidente. D’un point de
vue économique, le point d’équilibre se situe, sans publicité, autour de
25 000 à 30 000 exemplaires, avec un prix de vente de 2,80 euros
Allez-vous développer
la marque sur le numérique ?
E.F. Nous allons
lancer un site, mais je veux surtout privilégier les réseaux sociaux, pour
organiser cette conversation. Il sera davantage un site miroir pour donner
envie du papier. Nous diffuserons aussi une newsletter.
Propos recueillis par Didier Falcand