L’augmentation de prix de 10 centimes de Télé star,
intervenue dans l’édition parue hier 20 avril, aurait pu passer inaperçue, si
le directeur de la rédaction du magazine TV de Mondadori, Eric Pavon, n’avait
pas signé un éditorial corrosif, pour expliquer à ses lecteurs les raisons de
cette hausse. « Nous n’avons pas d’autre choix que le réajustement de ce
tarif devant l’accroissement des charges qui pèsent sur le magazine, liés aux
coûts de fabrication, de distribution et aux tarifs postaux. Des augmentations
qui nous ciblent, nous la presse dite populaire, ou qualifiée par certaines
élites politiques de récréative, sous-entendant qu’il y a une bonne presse et
une mauvaise, des bons et des mauvais journalistes, et donc des bons et des
mauvais lecteurs ».
Derrière cette argumentation, la direction de l’hebdo TV
s’attaque directement à la différence de traitement entre la presse
d’information politique et générale (IPG), qui bénéficie de tarifs
préférentiels, et la presse non IPG, qui a vu ses coûts de distribution et ses
coûts postaux augmenter beaucoup plus vite. Pour un titre comme Télé star,
depuis 2009, la hausse dépasse les 100% pour la distribution et atteint 47%
pour les tarifs postaux, affirme Stéphane Haitaian, directeur exécutif des
pôles Star, Automobile et Nature de Mondadori. « Cette discrimination entre les
titres entraîne une véritable distorsion de concurrence en print et sur le
digital où les quotidiens notamment développent des contenus directement
concurrentiels des nôtres, dénonce-t-il. TV magazine, qui profite de son
adossement à des quotidiens, bénéficie de conditions plus attractives que les
nôtres, alors qu’il est en concurrence frontale avec la presse TV
traditionnelle, tant sur le plan de la diffusion, du marché publicitaire et de
nos déclinaisons digitales. Cerise sur le gâteau, ce sont les titres IPG qui se
partagent les 60 millions d’euros du fonds Google, auquel la presse dite populaire
ne peut pas postuler. Or ce sont bien les magazines populaires (presse TV,
presse people et féminins grand public, NDLR) qui font vivre toute la chaîne de
diffusion de la presse ».
Décidé à se faire entendre sur le dossier, Stéphane Haitaian
annonce d’ores et déjà d’autres prises de parole du même type, toujours par
l’intermédiaire des directeurs de rédaction du groupe, notamment sur le
Chasseur français et Auto plus. En attendant d’être suivi par d’autres
groupes ? A n’en pas douter, le débat ne fait que commencer.
Didier Falcand