Le 21 janvier, Politis renouvelle son offre, papier et
numérique. Le journal s’est appuyé pour cela sur le travail effectué
autour du hors-série « Où va la presse », sorti en juin dernier, nous explique Laurent Laborie, directeur délégué de l’hebdomadaire.
Les Clés de la
presse. Comment avez-vous conçu cette nouvelle formule ?
Laurent Laborie.
Nous souhaitons montrer que nous sommes un journal en mouvement tenant compte
de l’environnement et des changements qui s’opèrent dans la manière d’aborder
la presse aujourd’hui. Nous sommes avant tout un journal papier, mais voulons
entrer dans une logique bimédia. Sur le papier, nous n’avons pas touché à la pagination
ni à l’approche. Nous restons dans l’analyse, la réflexion et la profondeur. En
revanche, nous modifions le logo, l’identité visuelle et le chemin de fer. Nous
ne sommes plus dans une logique de rubriques mais travaillons par types
journalistiques : portrait, grand entretien, reportage, enquête… Nous voulons
en donner plus à lire et avons dans l’idée de faire comme un mensuel avec
quatre hebdomadaires, avec de grands ensembles pour entrer dans l’analyse,
fidéliser le lectorat et feuilletonner certains sujets.
Vous parlez d’une
logique bimédia. Quelle va être votre offre numérique ?
L.L. Nous
proposons de nouveaux outils. Nous repensons le site Internet, qui sera
disponible en responsive design. Il y aura plus de vidéos, de photos et de
live. Pour la Cop 21, nous étions partis d’un hors-série, en parlions chaque
semaine dans les pages du journal, et relations l’événement sur les blogs du
site, avec des live-tweets, des vidéos sur Périscope et des reportages vidéos
pour finir. C’était une mise en pratique de ce que doit être le site demain. Il
doit aussi nous permettre d’être un lieu de débat : nous allons ainsi
beaucoup travailler sur l’aspect participatif et sur l’animation de la
communauté. 80% de la production sera payante. En parallèle, nous lançons aussi
une application mobile où l’on pourra lire l’hebdo dans sa maquette originale
et disposer d’un flux RSS pour accéder aux derniers articles. Nous avons
d’autres développements en vue, avec une nouvelle boutique en ligne d’ici à la
fin de l’année, peut-être le lancement d’une émission Web TV mensuelle…
Comment financez-vous
tous ces développements ?
L.L. Nous sommes
sur le point de clôturer un appel aux dons qui nous a permis de récolter 300
000 euros pour mener à bien plusieurs projets. C’est important car nous n’avons
pas de publicité ou très peu, les seuls revenus qui nous font vivre sont ceux
de la vente en kiosque et de l’abonnement.
Quels sont vos
objectifs pour 2016 ?
L.L. Nous voulons
atteindre l’équilibre, alors que nous étions encore déficitaires en 2015. Notre
diffusion reste stable : environ 20 000 exemplaires dont 11 000 abonnés, très
fidèles. Avec les développements prévus et la nouvelle formule, nous espérons
toucher de nouveaux lecteurs, notamment plus jeunes, engagés, qui lisent la presse
mais n’ont pas toujours les moyens d’en acheter, notamment grâce à une offre
numérique attrayante. Mais nous souhaitons aussi gagner de nouveaux lecteurs
sur papier, même si la tendance du marché est plutôt à la baisse. Car nous
restons très attachés aux kiosques.
Propos recueillis par Jessica Ibelaïdene