C’est la deuxième fois de son histoire que la
rédaction d’iTélé se met en grève. Deux fois en quelques mois, la première
datant de fin juin. Réunie en assemblée générale hier, 17 octobre, la rédaction
a voté une grève de 24 heures, reconductible, à 85%, en réaction à l’arrivée de
Jean-Marc Morandini à l’antenne, et au manque de vision stratégique de façon
générale. Pour l’instant sans succès : l’animateur était
présent, à 18 heures. Comme si de rien n’était et sans un mot sur la crise.
L’arrivée de Morandini au cœur des crispations
La semaine dernière, la direction d’iTélé confirmait
l’arrivée de Jean-Marc Morandini, mis en examen pour corruption de mineurs, dès
le 17 octobre, avec son émission sur les médias programmée de 18h à 19h. Une
motion de défiance avait été adoptée à 92% contre Serge Nedjar et les
journalistes avaient adressé une lettre ouverte à Jean-Marc Morandini dans le
Monde, lui demandant de ne pas venir, « dans l’intérêt de tous ». La
direction n’a pas tardé à réagir, invoquant la « présomption
d’innocence ». Elle a même proposé aux journalistes mécontents de faire
jouer une « clause de conscience ». Cette clause est normalement
invoquée par les salariés, et non par la direction, lorsqu’ils se trouvent dans
« une situation de nature à porter atteinte à leur honneur, leur
réputation ou, d’une manière générale, à leurs intérêts moraux ». La
direction incite donc les journalistes mécontents à quitter le groupe, avec
indemnités à la clé. Et ils ont jusqu’au 21 octobre pour se décider. Une
décision que les syndicats ont jugé méprisante. Dans ce contexte, une grève de
24 heures, reconductible, a été votée le 17 octobre. Ce qui a empêché la
diffusion de la première émission de Jean-Marc Morandini, sauf enregistrement
préalable.
La tension ne redescend pas
Depuis fin juin et l’annonce de réduction d’effectifs au
sein de la rédaction, la tension au sein d’iTélé ne redescend pas. La société
des journalistes a indiqué à l’AFP ses inquiétudes toujours vives face à un
« manque de moyens et l’absence de ligne éditoriale claire », depuis
la reprise en main du groupe Canal + par Vincent Bolloré. Le plan de relance
promis se fait toujours attendre, de grands noms de la rédaction sont partis, à
l’image de Bruce Toussaint et d’Alexandre Ifi, directeur adjoint de la
rédaction qui a annoncé sa décision hier matin.
iTélé, qui va devenir Cnews le 24 octobre, stagne autour de
1% d’audience, et la direction compte sur Jean-Marc Morandini pour gagner de
nouveau du terrain. La chaîne devrait afficher un déficit de 24 millions
d’euros cette année encore. Et l’arrivée des équipes de Direct matin dans les
locaux de la chaîne crée aussi de l’inquiétude dans une rédaction où l’ambiance
est « délétère » selon plusieurs journalistes joints par l’AFP. Tout
laisse donc à penser que ce feuilleton ne fait que commencer.
Jessica Ibelaïdene