L’information a
fuité, le 3 janvier, révélée par les Echos. Un quart des effectifs, tous
métiers confondus, est menacé au sein du quotidien lillois appartenant au
groupe belge Rossel. Une mesure à l’ampleur considérable, dans l’un des rares
journaux bénéficiaires, qui a pour objectif le déploiement d’un projet
d’entreprise, « Demain la Voix », tourné vers le numérique.
Explications avec Gabriel d’Harcourt, directeur général délégué de la Voix du
nord.
Priorité au numérique
Présenté en comité d’entreprise extraordinaire aux
représentants des salariés le 10 janvier, le projet d’entreprise s’intitule
« Demain la Voix ». Il prévoit de nombreuses transformations, à
commencer par la mise en place d’une démarche « innovation et
développement », avec l’objectif clairement affiché d’accélérer sur le
numérique. « Notre logique est de penser au contenu d’abord, nous explique
Gabriel d’Harcourt, directeur général délégué de la Voix du nord. Nous aurons des
reporters, sur le terrain, dont le travail sera de raconter une histoire, et
des éditeurs, qui travailleront à prolonger, enrichir et promouvoir le contenu
sur Internet. D’autres gèreront le journal papier ». Ce dernier, lui, ne
connaîtra pas de changements, même si le nombre d’éditions passera de 24 à 20.
Le nombre de sites géographiques, lui, augmentera, avec « la volonté d’une
plus grande proximité » : de 27 agences actuellement, le journal en
comptera une cinquantaine, répartie sur l’ensemble des deux départements Nord
et Pas-de-Calais.
Vers une
réorganisation plus agile
Cette réorganisation se déploiera d’ici à octobre 2017.
« Nous voulons évoluer vers plus d’agilité et de transversalité sur tous
les chantiers », précise le DG. En parallèle, un volet « data et
e-commerce » s’attaquera à la monétisation des contenus numériques. Pour
ce faire, 19 postes d’« experts » seront créés : analystes data,
data journalistes, journalistes vidéo, spécialistes du référencement… tous
allant dans le sens du développement digital. La Voix du nord a d’ailleurs créé
le 1er janvier une « direction digital marketing et
développement », chargée « d’accélérer la médiamorphose commerciale
de l’entreprise ». Concrètement, le but est à la fois de développer des
produits médias, de travailler sur les acquisitions et conversions, ainsi que
sur la diversification et l’événementiel. Il est dirigé par Bruno Jauffret, jusqu’ici
responsable numérique au niveau du groupe.
Agir avant qu’il ne
soit trop tard
Pour parvenir à tous ces changements, et « conserver la
possibilité d’investir », selon les mots du directeur de la rédaction,
Jean-Michel Bretonnier, à l’antenne de L’instant M sur France inter le 11
janvier, la direction a cherché « comment faire mieux et plus, avec moins
d’effectifs ». D’où le déploiement d’un plan de sauvegarde de la
compétitivité, sollicitant 178 départs volontaires (dont 55 journalistes). Les
négociations avec les partenaires sociaux vont durer jusqu’au 10 avril. Elles
s’annoncent tendues …