Les Clés de la presse
décrypte depuis quelques mois les dispositifs mis en place par les médias pour
couvrir l’élection présidentielle 2017. Cette semaine, Edwy Plenel, cofondateur
de Médiapart, nous explique ce que le pure-player a déployé pour pouvoir
couvrir la campagne de la manière la plus diverse qui soit et traiter ce
« moment politique ».
La philosophie
« Le souci de la société ». C’est ainsi qu’Edwy
Plenel, cofondateur et président de Médiapart, définit le dispositif déployé
pour couvrir l’élection présidentielle. « Nous ne voulons pas que les
lecteurs se disent que l’histoire est écrite. Le hashtag que nous avons lancé
dès le début de notre couverture médiatique de la campagne est le suivant
#riennesepasseracommeprévu, et pour l’instant, tout nous donne raison ». En investissant 400 000 euros dans ce dispositif, Edwy
Plenel souhaite que son pure-player, « le plus participatif qui
soit », offre une couverture « la plus diverse possible » de ces
élections. « Cet argent garantit l’ensemble des dépenses : les
collaborations supplémentaires, les renforts embauchés, les frais de
reportages… mais au-delà de la présidentielle, ils servent à traiter ce moment
politique ».
Le dispositif
De nombreux contenus ont déjà vu le jour ces derniers mois
sur le site de Médiapart, le dispositif s’accentuant progressivement. Pour
cette élection, le pure-player déploie plusieurs partenariats : avec Arte
et la Revue dessinée, pour « battre la campagne », une chronique
quotidienne de la campagne en dessin ; avec le collectif On a slamé sur la
lune, des poètes slameurs ; avec Osons causer, autour des initiatives
citoyennes ; avec le vidéaste Usul, qui chronique les « clips,
propagandes et musiques de la campagne électorale » ; avec les
Détricoteuses, historiennes ; avec des photojournalistes. Un livre, La
France vue d’ici, paraîtra en mars aux Editions de la Martinière ; avec un
politiste, Fabien Escalona, qui rejoint la rédaction pour six mois pour
analyser la campagne.
Le « studio » a été lancé début novembre. Cette
« mise en scène » de tous les contenus multimédias de
Médiapart englobe les podcasts (le site propose d’écouter les articles
lus), documentaires (trois par mois), es émissions et les lives. Jusqu’alors
mensuels, ils sont devenus hebdomadaires le 2 novembre. Le premier invité était
Emmanuel Macron. En plus de « plusieurs milliers de visiteurs » qui
les visionnent en direct, les vidéos sont regardées a posteriori sur Médiapart
(« en direct de Médiapart »), Youtube, Dailymotion et Facebook (plus
de 102 000 vues pour Emmanuel Macron, uniquement sur Youtube). « Ils
sont un entonnoir gratuit pour faire connaître Médiapart », nous précise
le cofondateur.
Les objectifs
Car Edwy Plenel en est persuadé, « ce sont les contenus
qui font les abonnés », et le seul modèle économique durablement viable
pour de l’information de qualité sur le numérique, selon lui, est le modèle
payant. « Tout ce que nous mettons en place nous apporte des abonnés,
souligne-t-il. Le bilan sera effectué cet été.
Justine Cantrel