Les Jours propose de
lire l’actualité en séries, au gré des « obsessions » de ses
journalistes, découpant un sujet en plusieurs épisodes. Ce pure-player
indépendant lancé par des anciens de Libération fête son premier anniversaire
avec une nouvelle appli et l’annonce de l’atteinte de son premier
objectif : 8000 abonnés. Une première étape réjouissante, pour Isabelle
Roberts, présidente et cofondatrice.
Les Clés de la
presse. Comment abordez-vous ce premier anniversaire ?
Isabelle Roberts. Nous
avons lancé une nouvelle application, ce qui répondait à une forte demande de
nos lecteurs. Elle permet notamment de nous lire hors-ligne, en téléchargeant
les épisodes ou les obsessions complètes. Nous créons également une Société des
Amis, un dispositif prévu par la loi Bloche. Nous nous sommes bâtis sur un
modèle d’indépendance : les cofondateurs des Jours en détiennent 82,2%,
grâce au statut d’entreprise de presse solidaire pour lequel nous avons opté.
Nous devons réinvestir 70% de nos bénéfices dans la société, ce qui nous va
très bien. Avec la SDA, les lecteurs peuvent entrer au capital du deuxième tour
de table : nous organiserons des rencontres régulières avec eux, ils
pourront choisir un ou deux sujets par an. Pour nous, c’est crucial d’avoir une
relation claire et saine avec nos abonnés, car les médias se concentrent à
vitesse grand V et la défiance grandit.
Que peut-on attendre
chez les Jours dans les mois qui viennent sur le plan éditorial ?
I.R. Nous avons
commencé la semaine dernière une obsession pour laquelle nous suivons le trajet
des déchets, « trash investigation ». Un sujet sur le sport devrait
aussi arriver, et nous allons décortiquer une loi. Nous essaierons des
obsessions plus courtes cet été. Ce qui est bien avec Internet, c’est que nous
sommes en test en permanence. Nous allons aussi expérimenter un travail sur le
son, soit en développant des obsessions entières autour de l’audio, ou en
l’utilisant pour en illustrer certaines. Notre idée est de ne faire les choses
que lorsqu’elles ont du sens.
Vous avez atteint
l’objectif fixé au moment du lancement des Jours, il y a un an, à savoir 8000
abonnés. Que retenez-vous de cette première année et quels sont les prochains
objectifs ?
I.R. Nous sommes
contents d’avoir atteint les 8000 abonnés. Non seulement parce que c’est ce que
nous avions prévu, mais aussi parce que nos abonnés sont jeunes. 45% d’entre
eux ont moins de 35 ans, ce qui signifie qu’ils sont venus directement vers
nous, en adhérent aux codes que nous avons développés, à savoir raconter
l’actualité à la manière d’une série. Ils ne sont pas du tout déstabilisés par
cette nouvelle forme d’écriture. Néanmoins, et c’était prévu, nous n’atteignons
pas encore l’équilibre. Nous salarions 16 personnes en CDI, mais il nous
faudrait 14 000 à 15 000 abonnements. Nous espérons y arriver fin
2018.
Propos recueillis par J.C.