« Les médias doivent relever le défi de la transformation numérique »
Ancien dirigeant de TF1, Télérama ou Ouest
France, Antoine de Tarlé publie, chez Nouveau monde éditions, Dans les
coulisses des grands médias. Dans cet ouvrage, où il raconte son expérience de
la presse et des médias au cours des 30 dernières années, et comment le numérique
les impacte de plein fouet, il lance un véritable signal d’alarme, mais veut
rester optimiste pour l’avenir, à condition de pouvoir réguler le
fonctionnement des Gafa.
Les Clés de la presse. Quel message
souhaitez-vous faire passer à travers ce livre ?
Antoine de Tarlé. J’ai bien sûr voulu évoquer
mon parcours dans les médias, mais mon objectif était surtout de montrer à quel
point le défi de la transformation numérique était essentiel pour la presse et
les médias, à l’heure où les Gafa sont en train de dominer le marché. Un
domaine dans lequel je me suis beaucoup investi ces vingt dernières années. C’est
un défi pour l’avenir de la presse, mais aussi pour le pluralisme.
Selon vous, les médias sont-ils armés pour
s’en sortir ?
A.de-T. Ce sera difficile, mais le défi peut
être relevé, comme le montre l’exemple du New York times. Je pense qu’une
stratégie s’appuyant sur l’abonnement et la fidélisation des lecteurs peut
marcher, car il existe un appétit toujours important du public pour
l’information. El les initiatives collectives menées récemment par les médias
en matière de publicité vont dans le bon sens. Il faudrait aussi une action
européenne pour réguler les Gafa en les obligeant à respecter de près les
règles.
Pensez-vous que ce soit réellement
possible ?
A.de-T. C’est compliqué de réguler, mais
possible. Ce qui nourrit mon espoir, c’est qu’il y a une réaction aux
Etats-Unis, où l’opinion est en train de se retourner, y compris dans le monde
politique, avec des Républicains très hostiles aux Gafa qui ont largement
financé le parti démocrate, et des Démocrates remontés contre certaines
pratiques de ces géants du numérique. Je trouve dommage qu’en France, on ne
réfléchisse pas assez à ces sujets, notamment l’Assemblée nationale.
Quelle est votre vision de la presse et des
médias à cinq ou dix ans ?
A.de-T. Je ne vois pas les médias papier
disparaître à cette échéance. En revanche, certaines familles de presse, comme
les news magazines, me semblent menacées. Car leur rythme hebdomadaire n’est
pas très adapté à Internet, et les quotidiens ont développé des suppléments de
fin de semaine qui jouent le rôle de news.
Propos recueillis par Didier Falcand
Retrouvez
cette information (et l’intégralité de la lettre) dans les
Clés de la presse du 7 novembre 2017
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