« Ouest-France est en deuil. François-Régis
Hutin s’est éteint à l’âge de 88 ans à Rennes, dimanche soir
10 décembre 2017. Pendant 32 ans,
jusqu’en octobre 2016, il a piloté le développement de Ouest-France (1300
salariés). Il a permis à notre quotidien de devenir le premier quotidien
francophone avec une diffusion quotidienne de 690 000 exemplaires et une
audience internet de 65 millions de visites par mois. Il restait président
du comité éditorial et signait encore à la Une de notre journal, samedi matin,
un éditorial : Paix pour
Jérusalem ». C’est par ces mots que le quotidien rennais a annoncé, le 11
décembre, à ses lecteurs, le décès de son ancien Pdg. Un patron de presse
hors-norme qui avait attendu ses 87 ans pour quitter la présidence du groupe
la veille du week-end de la Toussaint 2016, il y a un peu plus d’un an.
Humaniste
et patron de presse
Et, le
moins que l’on puisse dire, c’est qu’il aura marqué l’histoire de Ouest France,
mais aussi de la presse française, voire de la société française, à travers son
engagement pour la construction européenne ou son combat contre la peine de mort. C’est d’ailleurs
autant au patron de presse qu’à l’homme, humaniste, que la classe politique
française et ses confrères ont rendu hommage, hier, sur les réseaux sociaux.
« François-Régis Hutin, c’est avant tout une certaine idée
de la presse, nous explique par exemple Jean-Clément Texier, un expert du
secteur. Moraliste autant que journaliste, pour le dernier empereur de la PQR,
les quotidiens ne sauraient être considérés comme des valeurs marchandes. Son
premier souci fut donc de préserver l’indépendance de Ouest-France, quitte à
entraver son développement. Néanmoins, il fut un bâtisseur hors-pair, en ayant
le courage de reprendre Spir et de se lancer dans 20 minutes ».
Une indépendance garantie dans les
statuts
Si une page avait déjà été tournée
l’an dernier, ce décès pose la question de l’avenir pour le groupe Ouest France
sans sa figure tutélaire. Comme le rappelle la direction du journal, François-Régis Hutin avait choisi, en
avril 1990, de placer le premier quotidien français sous la responsabilité
d’une association loi 1901 à but non lucratif, l’Association pour le soutien
des principes de la démocratie humaniste. « Au-delà de l’originalité du
dispositif juridique, une première en Europe, l’opération garantit
l’indépendance de Ouest-France, tout en réaffirmant les valeurs
fondatrices du titre : la démocratie humaniste, le respect et la promotion de
la personne, le service des lecteurs dans l’indépendance ».
Un management bien en place
De même, le management du groupe est en place depuis un an. A
l’époque, François-Régis Hutin avait
cédé son poste de président du directoire et de directeur de la publication à Louis
Echelard, jusque-là vice-président. Ce dernier est épaulé, au sein du
directoire, par Matthieu Fuchs, président des Journaux de Loire et de Additi
(Précom et Ouest-France multimédia), par ailleurs gendre de
François-Régis Hutin, nommé vice-président du directoire et directeur
général. De leurs côtés, Jeanne-Emmanuelle Hutin-Gapsys, l'une des filles
du patriarche, Jean-Paul Boucher et Philippe Toulemonde avaient été confirmés
dans leurs fonctions de membres du directoire. Mais les mois à venir pourraient
bien apporter leur lot de surprise.
Didier Falcand