Les difficultés financières de l’Humanité
ne sont pas nouvelles, elles sont même récurrentes depuis des années, mais le
quotidien communiste a franchi, le 25 janvier, une étape supplémentaire dans sa
descente aux enfers avec un placement sous protection du tribunal
de commerce de Bobigny. Celui-ci statuera, demain 30 janvier, sur l’avenir du
journal : soit il retient le plan de continuation proposé par la direction,
soit il n’y croit pas et prononce une liquidation judiciaire qui entraînerait
l’arrêt du journal. C’est évidemment la première hypothèse à laquelle
s’accrochent les salariés, mais rien n’est acquis. « Il ne s’agit pas d’un
enjeu comptable, tient à préciser Patrick Le Hyaric, le directeur de l’Humanité.
C’est une question politique de premier ordre qui interroge une société
soucieuse de l’expression du pluralisme des idées, de la démocratie. Au moment
où tant de débats et d’inquiétudes s’expriment sur les fabriques de fausses
nouvelles, laisser mourir l’Humanité reviendrait à affaiblir la presse de qualité
et à assécher encore plus le débat contradictoire ».
Des fondamentaux en baisse
Reste que les appels aux dons, qui ont permis au journal de surmonter les
crises financières jusque-là, ne suffisent plus.
L’Humanité devait
trouver 3 millions d’euros avant la mi-février pour faire face aux échéances,
mais ses appels de ces derniers mois n’ont permis de récolter qu’un million
d’euros. D’où la procédure de sauvegarde. Mais Patrick le Hyaric veut y croire.
« Nous lancerons dans les prochains jours une grande campagne d’abonnements
de parrainage sous le thème « À chaque lectrice et lecteur son nouvel abonné »
à l’Humanité dimanche et à l’Humanité des débats du vendredi, pour deux mois au
prix de 27 euros. Nous proposons aussi aux élus progressistes et républicains
de contribuer à donner leur juste place à nos journaux dans les bouquets de presse
des bibliothèques et médiathèques, comme dans les lieux d’accueil au public ».
Et une grande soirée de mobilisation et de solidarité aura lieu le 22 février à
la salle la Bellevilloise, à Paris.
Cette mobilisation sera-t-elle suffisante ? Si le directeur du journal affirme
que le nombre d’abonnés a progressé ces derniers mois, que les ventes en
kiosque ont été bonnes en novembre et décembre, et que le nombre d’utilisateurs
de la plateforme numérique augmente, la diffusion France payée du quotidien a
encore baissé, selon l’ACPM, de 6,24% sur la période 2017-2018, à 32 724
exemplaires. Or, avec des recettes publicitaires très faibles, la diffusion
reste encore le socle du modèle économique.