Si l’actualité, riche en événements, a suscité un fort
intérêt des Français, la confiance envers les médias s’est effondrée pour la
télévision, la presse écrite et même la radio, atteignant des scores
historiquement bas, révèle le 38e baromètre la Croix-Kantar
2019 sur la confiance des Français dans les médias.
Un goût prononcé pour
l’actualité, mais pas pour les journalistes
Les deux tiers des Français interrogés déclarent suivre avec
un grand intérêt l’actualité, un chiffre en progression de cinq points. La
suspicion envers les journalistes, jugés soumis aux pouvoirs politiques et aux
pressions d’argent, est ressentie par un quart des sondés. Un paradoxe à
relever dans cette étude : la confiance envers les médias chute de 10 points
pour la télévision (38%), de six points pour la radio (50%) et de huit points
pour la presse écrite (44%). Pourtant, ce sont les médias auxquels les Français
accordent le moins d’importance qui sont les plus utilisés pour s’informer.
Près de la moitié des sondés s’informent avec la télévision, devant Internet
pour près d’un Français sur trois. Enfin, l’âge est un facteur important dans
l’intérêt porté à l’actualité : les 18-34 ans désertent de plus en plus les
médias dits traditionnels, pour se tourner vers Internet via leur smartphone,
et ne sont plus que 49% à s’intéresser aux infos. Un chiffre qui grimpe à 74%
pour les seniors de plus de 65 ans.
Les Gilets jaunes,
accélérateurs de la défiance envers les médias
Plus de la moitié des sondés jugent la couverture du
mouvement de contestation sociale mauvaise. Les médias sont accusés d’avoir
dramatisé les événements, d’avoir accordé trop de place aux représentants
extrêmes, et de ne pas avoir permis de bien comprendre. Les blocages et
manifestations des Gilets jaunes ont été le théâtre d’agressions et de menaces
envers les reporters de terrain, notamment des chaînes d’infos. Un tiers
des Français condamne ce climat hostile et 23% semblent le justifier. Enfin,
les journalistes et les organes de contrôle des médias sont considérés
comme les plus concernés pour agir contre la propagation des fake news. « Je
ne suis pas très surprise par ces résultats, a réagi Céline Pigalle,
directrice de la rédaction de BFMTV, présente pour un débat lors du point
presse de présentation. Il faut en faire une opportunité. Soit on se laisse
écraser, soit on se met puissamment à l’écoute pour se réinventer, pour
réfléchir profondément à la façon dont nous travaillons. Les Gilets jaunes ne
veulent pas qu’on leur tende le micro, ils veulent qu’on le leur donne. »