La direction du titre a présenté le 14 octobre un plan de
sauvegarde de l’emploi prévoyant la suppression de 26 postes supplémentaires,
en plus des départs des 58 journalistes ayant pris leur clause de cession.
« Au total, avec l’arrivée de M. Weill, la seule équipe du magazine passe de 84
postes à… 46 », ont déploré les syndicats et la SDJ, qui pointent du
doigt une « saignée sans précédent ». En réaction à cette annonce, la
rédaction a observé deux heures de débrayage deux jours plus tard. « Nous
allons entrer dans plusieurs semaines de négociations avec les organisations
syndicales, réagit Clément Delpirou, le patron de SFR presse. C’est un
contexte de mauvaise nouvelle et il est normal que cela génère de l’émotion. »
Pour compenser ces départs, une quinzaine de postes seront
créés sur les postes digitaux, via des recrutements possibles ou de la mobilité
interne. Une manière pour le news magazine de réinjecter du sang neuf dans les
effectifs afin de mener à bien la transformation éditoriale voulue par son
dirigeant, Alain Weill, repreneur de 51 % du capital en février dernier.
L’idée de cette nouvelle formule, pilotée par l’ex-directeur de la rédaction de
Courrier international, Eric Chol : faire de l’Express un The
Economist à la française. En somme, moins de culture, moins
d’investigation mais plus d’économie, de politique et d’international. Deux
équipes seraient alors sur le pont pour redresser la courbe des ventes et
enclencher le virage des abonnements numériques, qui représentent actuellement
18 510 versions numériques individuelles (sur un diffusion France payée de 217
823 exemplaires en 2018/2019, selon l'ACPM) : une équipe hebdo, chargée
des contenus « consultables sur tous les supports », et une équipe
desk, pour le suivi au jour le jour de l’actualité. « La structure de
l’Express tournera autour de 90 journalistes, ce qui est similaire aux
rédactions du Point, de Médiapart, voire plus », ajoute Clément
Delpirou.
Davantage de fond
Ce PSE, qui doit engendrer une baisse de 30 % des
effectifs, intervient après plusieurs années d’errements éditoriaux, qui ont vu
naître et mourir des initiatives numériques impitoyables pour le trafic et le
recrutement d’abonnés numériques. La direction avait notamment indiqué vouloir
réduire la voilure du gratuit et des articles de flux, pour se concentrer sur
l’enquête et les reportages sous forme de série, à la manière du pure-player
les Jours. « Ce projet mis en place en avril 2018 a eu un impact négatif
sur l’audience et les abonnements, ce n’est pas une organisation que nous
allons pérenniser, reconnaît Clément Delpirou. Désormais, on reste sur
un hebdomadaire très analytique et resserré sur les problématiques économiques.
Pour autant, on continue de renforcer l’équipe de suivi de l’actualité chaude.
Si l’on arrête d’informer les lecteurs, nous aurons du mal avec les
abonnements. »
Mathilde Joris