L’événement
Comment Time se lance sur le marché français
Un peu plus de 100 ans après sa création, le magazine Time part à la conquête de l’international. La première édition de ce monument de la presse anglo-saxonne va paraître en France, ce 18 décembre. Son éditeur, Marc Benioff, qui a racheté le titre en 2018, en a confié l’édition française à Dominique Busso, le fondateur de 360 business média, qui publie déjà Forbes France et Oniriq, deux titres trimestriels de référence dans le domaine économique et lifestyle. Dans un entretien aux Clés de la presse, il nous explique le positionnement de ce magazine trimestriel, son modèle économique et ses ambitions.
Les Clés de la presse. Comment avez-vous gagné la licence française de Time ?
Dominique Busso. Nous avons fait partie des personnes que Marc Benioff a contacté il y a un an quand il a cherché un éditeur pour la France. Comme nous publions Forbes France avec succès depuis 2013, nous avons l’expérience de ces licences et nous nous sommes rapidement mis d’accord, juste avant l’été.
Quel est le positionnement de ce Time français ?
D.B. Nous nous appuyons sur l’ADN de Time, positionné sur la société, la géopolitique, le climat et, un peu, l’économie, mais en s’adaptant à l’écosystème français. Les thématiques sociétales et climatiques sont par exemple traitées via le regard d’experts français, ce qui ne nous empêche pas de reprendre des enquêtes ou des dossiers de l’édition américaines qui ont un écho en Europe.
Quelle est la part entre les contenus repris du titre américain et les contenus réalisés par les équipes françaises ?
D.B. Les contenus français représentent 60 à 70% de l’ensemble. Les trois ou quatre enquêtes et dossiers issus de l’édition US ne dépassent pas les 30 pages sur 200. Cet équilibre est important pour séduire les lecteurs français. C’est pourquoi nous avons constitué une rédaction spécifique, autour d’Elisabeth Lazaroo, rédactrice en chef, avec une vingtaine de personnes qui ne travaillent que pour Time, et non pour nos deux autres magazines (Forbes et Oniriq). Nous avons aussi constitué une rédaction digitale pour alimenter au quotidien, depuis le 4 novembre, le site Internet (Timefrance.fr) et le compte Instagram. Aux Etats-Unis, Time ne compte pas moins de 12 millions de followers.
C’est la même chose pour l’équipe commerciale, qui se consacre uniquement à Time. Seul le marketing, le community management, les finances et l’administratif sont des services communs au sein de 360 business média.
Quel est votre modèle économique sur ce magazine ?
D.B. Comme pour Forbes, il reposera à terme sur trois piliers : le print, à travers la diffusion et la publicité (une trentaine de pages dans le premier numéro, NDLR), le digital, 100% gratuit et financé par la publicité, et l’événementiel. Ce dernier sera plus long à construire, mais nous planchons déjà, pour 2026, sur deux événements autour de verticales comme la société, la santé, le climat ou l’IA.
Le premier numéro a été tiré à 100 000 exemplaires. Quelles sont vos ambitions en matière de diffusion ?
D.B. Sur les 70 000 exemplaires mis en place dans le réseau de marchands de presse (dans les 12 000 principaux points de vente), nous espérons atteindre, à l’horizon d’un an, 25 à 30% de ventes au numéro (soit entre 15 à 25 000 exemplaires, NDLR). Les 30 000 exemplaires restants feront l’objet d’une diffusion qualifiée, gratuite, sur fichiers, dans des hôtels, ou lors d’événements.
Pour atteindre ces objectifs, ce lancement est soutenu par une grosse campagne de relations presse et publiques, par de l’affichage en dos de kiosque et des mises en avant chez Relay et NAP (les Maisons de la presse, NDLR).
Vous avez aussi lancé une campagne de souscription avec Ulule.
D.B. Effectivement, le financement participatif est un outil marketing formidable pour faire connaître le titre au plus grand nombre.
Propos recueillis par Didier Falcand




