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Comment Ouest France se lance le 1er septembre dans la télévision

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L’événement

Comment Ouest France se lance le 1er septembre dans la télévision

Un peu plus de 13 mois après son examen de passage devant l’Arcom, le groupe Sipa Ouest France lance, le 1erseptembre à 18 heures, sa chaîne nationale sur le canal 19 de la TNT. « Un jour un peu particulier, reconnaît son directeur général, Fabrice Bakhouche. Novo19 constitue la pierre angulaire de notre stratégie vidéo, la chaîne va nous permettre de changer d’échelle dans ce domaine ». « A l’heure où 80% des Français ont le sentiment de ne pas être vus ou écoutés, ce projet est indispensable pour rendre visible la diversité des territoires, et s’inscrit pleinement dans l’ADN du groupe, renchérit François-Xavier Lefranc, le président du directoire de Ouest France. La démocratie est attaquée et nous devons plus que jamais réaffirmer notre mission : éclairer, informer, relier les citoyens ». Tout en assurant l’équilibre économique de la chaîne, attendue d’ici à 2028. Explications.

Un enjeu majeur pour le groupe

Que ce soit lors de la présentation du projet devant l’Arcom, puis lors de l’attribution d’une fréquence de TNT, la présence du groupe Sipa Ouest France avait surpris bien des observateurs. « Cela peut se comprendre car nous étions absents jusque-là du monde de l’audiovisuel, contrairement à de nombreux groupes médias, y compris en presse quotidienne régionale, reconnaît François-Xavier Lefranc. Mais ce projet s’inscrit pleinement dans nos 80 ans d’histoire. Aujourd’hui, le groupe regroupe une centaine de titres dans un grand nombre de régions, et il diffuse des informations sur trois plateformes numériques (Ouest-France.fr, Actu.fr et 20minutes.fr) placées dans le top 10 français. Avec ses médias engagés pour le soutien de la démocratie, Ouest-France entend devenir un acteur référent dans l’univers des contenus vidéos diffusés à la fois via la télévision linéaire et les plateformes de partage ».

L’enjeu est aussi économique. A l’heure où le marché publicitaire se concentre sur le digital et la vidéo, Sipa Ouest France ne peut pas en être absent. « Aujourd’hui, il faut être très fort sur tous les supports, nous explique Fabrice Bazard, le directeur général de Ouest France. La télévision et, plus globalement, le développement de l’image, constituera un véritable relais de croissance à l’avenir ». Avec Novo19, le groupe va s’appuyer sur sa puissance numérique pour aller vers la télévision, quand les autres médias audiovisuels ont tendance à faire l’inverse.

La singularité de Novo 19

Pour un nouvel entrant sur un marché TV déjà riche et diversifié, il est essentiel d’apporter une singularité, une vraie spécificité. « Pour Novo19, ce sera la voix des territoires, affirme Guénaëlle Troly, la directrice générale de la chaîne. Notre envie est de proposer une télévision qui ressemble davantage à la vie des Français, une télévision proche des territoires, des gens, de leurs histoires et de leurs idées. Chaque jour, nous allons donner la parole à celles et ceux qu’on entend trop peu, ceux qui mettent en lumière des initiatives, des talents, des projets qui font avancer la société. Notre plus, c’est de prendre le pouls de la France, en valorisant la diversité des titres en région, et en étant partout, y compris en outre-mer ». Ses maîtres-mots : la proximité, l’authenticité, la positivité, le partage d’expérience.

Cette volonté se traduit dans le nom de la chaîne (Novo pour Nous et Vous), par sa signature (Ce qu’il y a entre nous, c’est vous), mais aussi par le choix d’implanter son premier plateau, à Rennes, au cœur du siège de Ouest-France. « Une première sur la TNT pour une chaîne nationale, qui affirme notre volonté de relier le local au national, sans les opposer », tient-elle à souligner. Et toute la grille a été pensée pour répondre à cette ambition, que ce soit le JT (On a de l’info) incarné par Martin (15 minutes par jour à 18h10, du lundi au vendredi) qui s’appuiera sur des partenariats PQR et des correspondants en région, ou le talk-show (On a du nouveau), également quotidien du lundi au vendredi, qui prendra le relais à 18h25. Ouest France s’est associée à Together média et à France TV studios pour réaliser l’émission qui s’accompagne d’un partenariat avec la plateforme vidéo Brut qui lui permettra son alimentation en temps réel, notamment grâce au suivi des grandes conversations sociales et la création de capsules pour les réseaux sociaux.

Des productions originales et trois formats emblématiques pour fin 2025 et 2026

Comme pour toute chaîne de la TNT nationale, Novo19 va proposer une grille généraliste avec tous les genres : à côté de l’info et du talk, il y aura des films, des séries, des documentaires, du divertissement, des magazines et du sport. Un investissement significatif (30 millions d’euros) a été consenti dans l’achat de droits, mais il faudra attendre plusieurs mois pour découvrir les productions originales de la chaîne. « Nous avons déjà commandé une soixantaine d’heures de documentaires et magazines, assure Rodolphe Guignard, le directeur des contenus originaux. Ils nous seront livrés dans les mois qui viennent et apparaîtront peu à peu à l’antenne, fin 2025 et au premier semestre 2026 ».

Pour compléter son offre et marquer sa singularité, Novo 19 va aussi miser sur trois formats emblématiques incarnés par des animateurs. Le premier est Vis ma vie, qui a rencontré du succès sur TF1 dans les années 2000, confié à Réservoir prod, où un Français va s’immerger dans le quotidien d’un inconnu, loin de son univers. 15 épisodes de 70 minutes sont prévus (52 minutes de magazine +18 minutes de débat en plateau). Le second est Cash in the attic, où un animateur va à la rencontre d’une famille avec un commissaire-priseur, pour évaluer, puis vendre, ses trésors cachés. Enfin le troisième est Radio gaga, une émission présentée par Raphaël de Casabianca, qui sillonnera la France à bord de son studio mobile pour créer une radio hyperlocale, éphémère et unique, afin d’écouter les habitants et les faire créer des liens. La première saison de dix numéros de 60 minutes doit encore être tournée.

Un objectif d’équilibre d’exploitation dans les trois à quatre ans

Comme le rappelle Fabrice Bazard, la contrepartie d’être un groupe indépendant (de surcroit détenu par une association) est la quête et le besoin de rentabilité, et la télévision ne déroge pas à cette règle, surtout avec un budget annuel de 50 millions d’euros. L’accès à la chaîne étant gratuit, le modèle économique repose à 100 % sur la publicité, et le choix de confier la régie publicitaire de Novo19 à TF1 publicité répond à cet enjeu. « Il y a toujours une prime au leader », reconnaît-il. Mais le succès passera bien sûr par l’audience, qui sera bien mesurée quotidiennement par Médiamétrie dès le premier jour : « Novo19 sera rentable avec 2 % de part d’audience sur la cible des 25-49 ans », poursuit-il, en sachant que tous les revenus ne viendront pas de la seule TV linéaire.

Car le groupe mise d’emblée sur le digital, avec ses plateformes numériques, dont la plateforme de streaming qui doit permettre de « prolonger la relation avec nos téléspectateurs et fédérer une communauté vivante autour de nos contenus ». Et la puissance digitale maison (32 millions de visiteurs uniques par mois, soit la moitié de la population française) doit permettre d’en assurer la promotion.

Des actionnaires extérieurs dans les prochains mois

Le groupe Sipa Ouest France, fragile financièrement malgré un chiffre d’affaires annuel de plus de 500 millions d’euros, va-t-il pouvoir assumer l’investissement ? « Nous avons les moyens de nos ambitions, répond Fabrice Bakhouche, et nous avons prévu d’investir nous-mêmes 60 millions d’euros jusqu’à l’équilibre ». Mais pas question pour autant d’y aller seul. S’il veut rester majoritaire sur le long terme, le groupe prévoit l’entrée d’actionnaires dans le capital de sa filiale : deux d’entre eux, dont l’horloger Richard Mille, ont d’ores et déjà confirmé leurs intentions, et deux autres ont donné des marques d’intérêt, mais ils préfèrent attendre de voir à quoi ressemblera la grille de Novo19. Réponse dans moins de 96 heures.

Didier Falcand

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