Une stratégie passée au crible
Pourquoi TF1+ élargit son modèle économique au micro-paiement
Le groupe TF1 ajoute une brique aux revenus de sa plateforme de streaming TF1+ avec le lancement, le 2 septembre, d’une solution de micro-paiement. « C’est une nouvelle façon de monétiser nos inventaires », assure Claire Basini, directrice générale adjointe du groupe TF1, en charge des activités BtoC, pour qui cette innovation est « stratégique ». Elle consiste à proposer aux utilisateurs de TF1+ des micro-transactions (allant de 69 à 99 centimes), soit pour s’assurer des visionnages sans publicité, soit pour accéder à des avant-premières ou des contenus additionnels à la carte.
Le constat de départ
Au-delà de la recherche de ressources complémentaires, ce lancement, qui a nécessité un an de préparation, avec de nombreuses études quali et quanti, s’inscrit dans un contexte de « retour en force d’un écran TV qui se digitalise, explique Claire Basini. Aujourd’hui, 70% des Français ont une télévision connectée et les deux tiers de la consommation de TF1+ sont réalisés sur un écran TV ». Pas question pour autant pour le groupe de diminuer la valeur du gratuit, « le micro-paiement constitue un enrichissement de l’offre, insiste-t-elle, et apporte une expérience fluide et immersive de l’ouverture à l’usage en incluant le paiement, à un prix attractif pour inciter et maintenir l’engagement ».
L’offre
Cette nouvelle offre propose aux utilisateurs de TF1+ (23 millions par mois) des microtransactions contextualisées pendant leur expérience de visionnage. Concrètement, les streamers peuvent d’ores et déjà, à partir de 69 centimes, acheter des programmes ou des séries en avant-première, et même accéder à un catalogue de films récents. Ensuite, à partir du 18 octobre, c’est l’expérience sans publicité qui sera disponible, ainsi que l’achat de contenus additionnels autour des grands programmes événementiels des chaînes du groupe, comme la chaîne live de Star academy. Autre exemple, un utilisateur souhaitant regarder The Voice avec ses enfants et éviter de se coucher trop tard pourra opter pour la version sans publicité à 0,99 euros, lui faisant économiser 24 minutes de temps de visionnage. « D’autres contenus et services disponibles sont en développement et seront progressivement lancés sur la plateforme », ajoute Claire Basini.
De très grandes ambitions
Si TF1 a investi massivement, pour ce lancement, que ce soit en termes humains ou technologiques, c’est parce que son objectif est clairement de renforcer la capacité du groupe à financer des contenus premium avec des recettes complémentaires de la publicité (92 millions d’euros au premier semestre, soit plus de 200 millions sur l’année) et de l’abonnement premium. Sans dévoiler ses objectifs chiffrés, Claire Basini consent à dire que le micro-paiement pourrait représenter, d’ici deux à trois ans, « une part significative » des ressources de TF1+, c’est-à-dire plusieurs dizaines de millions d’euros. A titre de comparaison, il génère déjà, dans le gaming mobile, un tiers du chiffre d’affaires du secteur (2,4 milliards d’euros), en complément de la publicité et des abonnements.
Didier Falcand