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Quand les pérégrinations de LVMH dans la presse suscitent craintes et débats

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L’événement

Quand les pérégrinations de LVMH dans la presse suscitent craintes et débats

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la stratégie de Bernard Arnault dans la presse a été cette semaine au cœur de l’actualité avec l’annonce, le 23 septembre par Claude Perdriel, actionnaire majoritaire de Challenges, de la vente, début 2026, de son groupe de presse (Challenges, mais aussi Sciences et avenir et la Recherche) à LVMH. Au même moment, des rumeurs sur la possible cession du Parisien à Vincent Bolloré ont déclenché, hier 25 septembre, un mouvement de grève de la rédaction du quotidien. Qu’il achète ou envisage de vendre des journaux, Bernard Arnault suscite inquiétudes et débats.

Une acquisition de plus dans la presse

Claude Perdriel a annoncé le 23 septembre être tombé d’accord avec LVMH pour la vente, début 2026, de son groupe de presse (Challenges, Sciences et avenir et la Recherche) à Bernard Arnault, confirmant une information de la Lettre. « L’important, c’est que le journal soit en de bonnes mains et continue avec un actionnaire déterminé à le défendre », a-t-il déclaré. Avec cette future acquisition, qui n’a rien d’une surprise, puisque les deux parties étaient engagées depuis plusieurs années par un pacte d’actionnaires, le groupe LVMH poursuit ses acquisitions dans la presse et conforte une place de leader de la presse économique.

Dans cette annonce, c’est l’accélération du timing qui a créé la surprise. Car LVMH avait déjà acquis en 2021 40% du capital des Editions Croque futur, qui publient Challenges, Sciences et avenir et la Recherche, avec la possibilité de devenir majoritaire dès que Claude Perdriel le souhaiterait. A 99 ans, le fondateur du Nouvel observateur a franchi le pas. C’est d’ailleurs ce qui a incité la rédaction de Challenges à relancer son comité d’éthique, qui ne s’était pas réuni depuis plusieurs années, et rappeler que la nomination du directeur de la rédaction doit être ratifiée à la majorité simple par la société des rédacteurs. Les journalistes de Challenges ont aussi prévenu, le 22 septembre, le futur repreneur qu’il devra préserver « leur indépendance éditoriale » et notamment conserver le classement annuel des plus grandes fortunes publiés par le magazine, dans lequel Bernard Arnault et sa famille figurent en bonne place.

La rédaction du Parisien en grève jusqu’à vendredi soir

Au même moment, c’est la rumeur, ni confirmée ni démentie, de vente du Parisien à Vincent Bolloré qui crée des vagues dans le groupe. La rédaction du quotidien a ainsi voté, hier 25 septembre, une grève jusqu’à vendredi 23H59 pour « exprimer son opposition » à cet éventuel projet et « exiger » dix-sept embauches en CDI, ont annoncé les syndicats à l’AFP. La grève a été votée par 258 salariés, soit 72,5% des participants à une assemblée générale. « Les délégués syndicaux restent dans l’attente d’un rendez-vous avec la présidence du groupe les Echos-le Parisien et la direction générale du Parisien », précise une source syndicale. « Impossible à dire aujourd’hui » si les éditions de vendredi et samedi paraîtront, a déclaré à l’AFP Aymeric Renou, délégué syndical SNJ.

Après des rumeurs récurrentes ces derniers mois, l’hypothèse d’une vente du quotidien à Vincent Bolloré a pris corps début septembre avec un article de Challenges. Cette perspective a aussitôt suscité craintes et oppositions au sein de la rédaction. « Vendre cet héritage éditorial au groupe Bolloré reviendrait à livrer à une idéologie militante d’extrême droite l’un des grands quotidiens du pays, à appauvrir la pluralité de l’information en France », s’étaient émus journalistes et syndicats dans une lettre ouverte à leur propriétaire Bernard Arnault. Interrogé le 23 septembre par les représentants du personnel, Pierre Louette, le Pdg du groupe les Echos-le Parisien, avait déclaré « qu’il n’y a pas de processus de vente du Parisien en cours… à ma connaissance », selon des propos rapportés par le SNJ. Sur l’autre volet des inquiétudes, les syndicats reprochent à la direction de remplacer par des contrats temporaires (CDD, contrats à la pige) certains départs prévus dans le cadre du plan de réorganisation en cours. Ils réclament dix-sept remplacements en CDI. « Il y a des trous partout, on ne peut pas travailler dans ces conditions. On craint pour la santé de nos journalistes,notamment dans les éditions départementales », déplore Aymeric Renou.

Didier Falcand

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