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Les journalistes préoccupés par les nouveaux modes de consommation média

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Une étude passée au crible

Les journalistes préoccupés par les nouveaux modes de consommation média

Comme chaque année, l’enquête sur l’état des médias de Cision permet de connaître l’état d’esprit des journalistes dans le monde entier (3100 d’entre eux ont répondu à l’étude) et les défis auxquels ils sont confrontés. En 2025, ils sont avant tout préoccupés par la fragmentation des médias, la montée en puissance des réseaux sociaux, et un usage de l’intelligence artificielle qui s’intensifie dans les rédactions et chez les communicants. Décryptage.

La multiplication des formats d’information est déstabilisante

A la question « quels sont, selon vous, les plus grands défis auxquels les journalistes ont été confrontés ces douze derniers mois », deux réponses principales émergent de l’enquête : l’adaptation à l’évolution des comportements de l’audience en matière de consommation des médias (pour 42% des personnes interrogées) et le maintien de la crédibilité en tant que source d’information fiable et la lutte contre les fake news (40%). Ces deux défis arrivaient déjà en tête l’an dernier, « mais ils ont échangé leur place, ce qui indique que les journalistes doivent de plus en plus composer avec un paysage médiatique fragmenté dans lequel les publics consomment du contenu sur différentes plateformes », soulignent les auteurs de l’étude. Ces deux items devancent nettement le déclin de la publicité et des sources de revenus (33%) et l’émergence de l’intelligence artificielle dans leur pratique professionnelle, qui passe de la sixième à la quatrième place.

Une analyse par zone géographique met néanmoins en lumière des différences. Si les défis restent les mêmes en Amérique du nord et en Europe (où les journalistes citent en premier lieu l’adaptation aux changements de comportement de l’information du public et le fait de maintenir sa crédibilité en tant que source d’information fiable), ce n’est pas le cas dans la zone Asie-Pacifique où les journalistes placent comme premier défi l’émergence de l’IA (46%) puis la baisse des revenus publicitaires et de sources de revenus (39%).

Des réseaux sociaux toujours incontournables

La quasi-totalité des journalistes (96%) utilisent les réseaux sociaux dans le cadre de leur travail (96%), que ce soit pour publier et promouvoir leurs contenus (à 64%), pour échanger avec leurs audiences (à 55%), pour collecter des informations pour leurs articles (à 51%), pour faire du réseautage (à 48%), ou vérifier des informations (à 42%). « De façon générale, les réseaux sociaux semblent omniprésents pour les journalistes avec de multiples usages, qui vont de la veille à la recherche de tendances, jusqu’à la mise en connexion avec des sources nouvelles et même au croisement des sources », souligne Cision.

Cette année, Linked’in s’impose pour la première fois comme le premier réseau social avec une augmentation de 20 points par rapport à 2024 (59, contre 39% l’an dernier). Il supplante Instagram qui descend à la troisième place, mais gagne malgré cela 7 points (51%, contre 44% en 2024). En deuxième position, on retrouve Facebook qui retrouve des couleurs avec une augmentation de 19 points (53%, contre 34%). L’analyse par zone géographique montre assez peu de différences entre les journalistes au niveau des réseaux sociaux utilisés, si ce n’est pour la Chine qui développe ses propres plateformes avec We chat en haut de la liste, mais aussi Little red book, Weibo et TikTok. En Amérique du nord, BlueSky fait une entrée remarquée (27% des journalistes l’utilisent déjà).

Un usage accéléré de l’intelligence artficielle

En 2024, seuls 17% des journalistes du monde entier déclaraient se servir de l’IA d’une manière régulière, 28% assez peu et les autres pas du tout. Un an plus tard, les choses ont bien changé puisque 53% des journalistes interrogés utilisent désormais des outils d’IA générative comme ChatGPT, et 14% supplémentaires prévoient de commencer. « L’IA sert d’abord à effectuer des recherches sur certains sujets (25%), puis est utilisée pour des tâches très chronophages comme transcrire des interviews et les fichiers audio (23%) ou résumer des textes (21%), révèlent les auteurs de l’enquête. Elle est également utile pour aider les journalistes à créer les grandes lignes de leurs sujets ou faire une première ébauche de contenu (18%) et, plus à la marge, pour inspirer de nouvelles idées d’articles (10%, contre 13% en 2024) ».

Les journalistes nord-américains sont de manière assez surprenante les plus réticents à l’IA : près d’un journaliste sur deux (49%) déclare ne pas l’utiliser et ne pas en avoir l’intention, contre seulement 30% en Europe et 11% en Asie-Pacifique). La recherche, la transcription et la synthèse sont les trois principaux moyens par lesquels les journalistes utilisent l’IA en Europe et en Amérique du nord. En Asie-Pacifique, l’IA générative est d’abord employée pour rédiger les grandes lignes ou les premières ébauches de contenu et pour faire des recherches sur certains sujets.

Chloé Fournier

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