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Politis passe à l’offensive

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L’événement

Politis passe à l’offensive

Un an après avoir adapté le statut de société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), Politis a réussi son premier pari. « Près de 2 000 lecteurs abonnés ont choisi d’être sociétaires du journal, nous raconte Romain Tord, directeur de la stratégie et du développement. Cela traduit une véritable implication de leur part ». Au passage, l’opération a permis de laver plus de 200 000 euros, « cela nous donne deux à trois ans de tranquillité financière »… et des moyens pour développer des projets.

Un changement de statut juridique réussi

Passer de société anonyme à société coopérative d’intérêt collectif ne se résume pas à un simple changement juridique, cela correspond à un vrai choix. « Ce statut et cette nouvelle gouvernance correspondent mieux à notre projet et à nos engagements, ils permettent à notre média maintenant plus que trentenaire d’entrer de plain-pied dans l’économie sociale et solidaire, nous expliquait à l’époque Pierre Jacquemain, directeur de la rédaction. Ce choix d’organisation garantit une totale indépendance capitalistique et éditoriale : pas d’ingérence extérieure, de coups de pression ou de censure, puisque les propriétaires du journal, c’est vous et nous », sur le principe « Une personne = une voix ». En convaincant 15% de ses abonnés de devenir sociétaires, Politis a donc non seulement consolidé sa trésorerie mais aussi « impliqué un nouveau noyau de personnes qui s’impliquent, ajoute Romain Tord. Cette gouvernance partagée nous permet de prendre davantage de recul ».

En quête de nouveaux partenaires

L’autre intérêt du choix de coopérative réside dans le mélange des quatre collèges : les salariés, les lectrices et les lecteurs, les partenaires et les financeurs, « réunis autour d’un projet commun, porteur d’utilité sociale, et dans lequel chacun est invité à écrire l’histoire du titre ». Et c’est justement la mission de Romain Tord, qui a rejoint l’équipe cette année pour développer les partenariats avec des associations, des ONG, d’autres coopératives ou d’autres médias, pour imaginer des rencontres, débats-conférences ou autres événements. « C’est important en termes de visibilité ou de notoriété, moins de finances, reconnaît-il. Pour l’instant, nous en sommes à une quinzaine de partenaires, mais l’objectif est d’arriver à une quarantaine. Cela doit nous permettre d’élargir notre audience à des personnes qui ne connaissent pas Politis, mais sont sensibles à nos valeurs et notre fonctionnement ».

A la recherche de l’équilibre économique

Cette volonté de s’inscrire dans le maximum de projets collectifs explique sa présence dans Coop-médias, la coopérative des médias indépendants, ou dans le Syndicat de la presse pas pareille. Politis est aussi l’un des médias fondateurs de la Presse libre qui a lancé le 1er octobre une grande campagne de recrutement d’abonnés permettant d’accéder à l’intégralité des contenus de huit médias indépendants, avec une seule inscription et un seul paiement. « L’un des freins à la presse indépendante est clairement son morcellement, nous expliquait son président, Daniel Schneidermann, dans les Clés de la presse du 30 septembre. Pour y remédier, l’idée de proposer une offre d’abonnement unique, permettant en une seule démarche de bénéficier des contenus de plusieurs éditeurs, ne date pas d’aujourd’hui, mais la difficulté d’une telle mise en œuvre a toujours été un handicap ». C’est pourquoi il aura fallu attendre octobre 2025 pour qu’une offre de ce type voit le jour sous la houlette de la Presse libre, une plateforme qui réunit pour l’instant huit médias (Arrêt sur images, Médiacités, Next, Politis, Reflets et Rue 89 Bordeaux, Lyon et Strasbourg). « C’est un formidable levier de croissance, estime Romain Tord. Cela peut permettre de doubler notre lectorat en 12 à 18 mois, peut-être moins en recettes, car l’abonnement est partagé ».

Sur le plan économique, tous ces partenariats devraient assurer l’équilibre d’exploitation dès le prochain exercice (clos le 30 septembre) et envisager des projets éditoriaux plus ambitieux. « Nous y travaillons pour 2026 », précise-t-il, sans vouloir en révéler davantage. Tout juste consent-il à annoncer le lancement de nouvelles newsletters, certaines gratuites, d’autres réservées aux abonnés, et une réflexion sur la production de contenus vidéos spécifiques, pour ouvrir un troisième canal de diffusion, à côté du papier (un hebdo qui paraît le jeudi) et du numérique.

Didier Falcand

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