Comment Challenges s’apprête à doubler sa diffusion

Au départ, ce partenariat est né de la volonté de Claude Perdriel de trouver des alternatives à la crise de la presse pour attirer de nouveaux lecteurs, relancer la diffusion de Challenges et améliorer la rentabilité du titre. « La réponse à la crise ne peut pas se limiter à faire des économies et réduire la voilure, explique l’ancien fondateur du Matin ou du Nouvel observateur. L’avenir passe par l’innovation ». De plus, à une période où contre-vérités et fake news se multiplient, « il est essentiel que le plus grand nombre de Français aient accès à une information de qualité pour déchiffrer l’actualité économique et politique en France et à l’international », poursuit-il. L’association avec des quotidiens régionaux permet de surcroit de conjuguer des expertises complémentaires : Challenges apporte son regard et ses analyses sur l’évolution de l’économie française et mondiale. Le Télégramme et Nice matin, eux, ajoutent une touche de proximité avec les préoccupations et les dynamiques locales.

En mixant une vision nationale et internationale et des enjeux régionaux, les trois titres proposent à leurs lecteurs une proposition éditoriale complète. L’expérience a déjà débuté en juin en Bretagne puisque les 140 000 abonnés du Télégramme bénéficient de la version PDF de Challenges. Les abonnés du groupe Nice matin (58 000 abonnés, dont 17 000 purement numérique), eux, ont droit depuis cette semaine à la version papier de l’hebdo économique, sans augmentation du prix de leur abonnement. « Nous sommes dans une logique d’enrichissement de notre promesse éditoriale, explique Simon Perrot, le directeur général du groupe. Cela va nous permettre de fidéliser nos abonnés et d’en recruter de nouveaux ». Même son de cloche au Télégramme, « qui souhaite apporter toujours plus de valeur à ses lecteurs, rappelle Ronan Leclercq, directeur général de la branche médias du groupe. Nous voulons permettre à ceux qui nous lisent de mieux comprendre un monde toujours plus complexe. Ce partenariat répond à cet enjeu. Et ce n’est que la première pierre du projet, car nous pouvons envisager de nombreuses synergies à venir, dans les contenus, les événements et la publicité ».

Car cette opération, qui pourrait être étendue à d’autres quotidiens régionaux à l’avenir, s’inscrit clairement dans une logique de croissance. Plusieurs événements communs sont d’ores et déjà programmés (dès le mois d’octobre à Nice) et des éditions économiques locales (un cahier au sein de Challenges) sont envisagées. « Nos régies peuvent aussi commercialiser localement la 3^ème de couverture de l’édition de Challenges distribuée auprès de nos abonnés », ajoute Simon Perrot. S’il est encore trop tôt pour connaître les objectifs de chacun (notamment en matière de recrutement de nouveaux abonnés pour le Télégramme et Nice matin), la régie publicitaire de Challenges se frotte d’ores et déjà les mains. « La diffusion (135 262 exemplaires sur la période juillet 2024-juin 2025) devrait mécaniquement presque doubler d’ici à la fin de l’année, ce qui nous placera parmi les leaders de la presse news magazines, souligne Corinne Rougé, la directrice générale de Média obs. Ce qui devrait entraîner une hausse d’audience de plusieurs centaines de milliers de lecteurs et nous permettre d’être plus attractif sur le marché publicitaire ».