L’événement
La Presse libre lance l’abonnement unique entre médias indépendants
L’idée n’a rien de révolutionnaire, mais il aura fallu des années pour qu’elle prenne forme. La Presse libre lance, demain 1er octobre, une grande campagne de recrutement d’abonnés permettant d’accéder à l’intégralité des contenus de huit médias indépendants, avec une seule inscription et un seul paiement. « C’est un vrai défi, à la fois technique, économique et professionnel », souligne son président, Daniel Schneidermann, qui nous assure que « la rentabilité sera atteinte à 10 000 abonnés », sans savoir combien de temps cela demandera.
Une vieille idée difficile à mettre en œuvre
La pérennité économique des médias indépendants s’est souvent heurtée à la difficulté de constituer un portefeuille d’abonnés suffisant, car il est coûteux de s’abonner à de nombreuses publications. « L’un des freins à la presse indépendante est clairement son morcellement », reconnaît Daniel Schneidermann. Pour y remédier, l’idée de proposer une offre d’abonnement unique, permettant en une seule démarche de bénéficier des contenus de plusieurs éditeurs, ne date pas d’aujourd’hui, mais la difficulté d’une telle mise en œuvre a toujours été un handicap. C’est pourquoi il aura fallu attendre octobre 2025 pour qu’une offre de ce type voit le jour sous la houlette de la Presse libre, une plateforme qui réunit pour l’instant huit médias : Arrêt sur images, Médiacités, Next, Politis, Reflets et Rue 89 Bordeaux, Lyon et Strasbourg. « L’initiative a aussi pour but de répondre au recul de la liberté de la presse et à la concentration des médias, poursuit-il. Car nos voix, quand elles sont dispersées, pèsent peu face à l’arsenal médiatique des grands groupes ».
La campagne de recrutement démarre le 1er octobre
Après plusieurs mois d’études et de préparation, une grande campagne de recrutement débute le 1er octobre, avec un tarif attractif de 14,90 euros/mois (limité au mois d’octobre), qui sera ensuite de 19,90 euros/mois. La plateforme, elle, sera mise en ligne le 15 octobre avec une sélection d’articles des médias partenaires. La clé de répartition dépendra du chiffre d’affaires (calculé sur un mix entre le tarif d’abonnement et le nombre d’abonnés) de chaque site « avec un correctif pour favoriser les petits sites », nuance Daniel Schneidermann. S’il attend les premiers retours pour donner des objectifs précis, l’ambition est malgré tout d’atteindre le plus rapidement possible le cap des 10 000 abonnés, considéré comme le seul de rentabilité. « Je ne sais pas si nous mettrons un ou trois ans pour y parvenir ». D’ici là, d’autres éditeurs pourraient rejoindre l’expérience, même s’il est bien conscient qu’un trop grand nombre pourrait être un frein technique et engendrer un prix unitaire trop élevé.
Didier Falcand