L’événement
Les aides à la presse appelées à baisser l’an prochain
Les députés ont commencé en début de semaine l’examen du projet de loi de finances pour 2026. S’il est encore tôt pour savoir ce qui en ressortira au final, tant les équilibres entre les formations politiques sont fragiles, il est toutefois possible de dégager quelques tendances pour le monde de la presse, des médias et de la communication. Exemple, les aides à la presse devraient encore connaître, au grand dam des éditeurs de presse, un tour de vis, comme le dispositif fiscal dont bénéficient les journalistes, qui leur permet de réduire une somme forfaitaire (une allocation pour frais d’emploi) de leurs revenus imposables. Décryptage.
Des crédits en diminution de 6,06%
Le projet de loi de finances prévoit, pour le programme Presse et médias (qui comprend les aides à la presse, la contribution à l’AFP et le soutien aux radios), un recul de 6,06% des crédits pour 2026, à 346,7 millions d’euros. Cette baisse résulte principalement du retrait de 44,5% du Fonds de soutien à l’expression radiophonique locale, dont les crédits passent de 35,3 millions à 19,6 millions d’euros. Ce recul pèse sur les 750 radios associatives qui dépendent de ce fonds pour environ 40% de leurs ressources.
Les aides directes à la presse sont également concernées, puisqu’elles affichent une baisse de 5,8% par rapport à 2025, en passant de 187,35 millions à 176,45 millions l’an prochain. Elles comprennent les aides à la diffusion (106,4 millions), les aides au pluralisme (23,2 millions), les aides à la modernisation (23,5 millions) et les exonérations sociales pour les vendeurs-colporteurs (11,6 millions). En revanche, la dotation à l’AFP devrait croitre de 2,95%, à 147,2 millions d’euros.
La niche fiscale des journalistes menacées
Denis Masseglia, rapporteur spécial du budget de la mission Médias, livre et industries culturelles, veut s’attaquer à la niche fiscale des journalistes. Cet avantage historique, mis en place dans les années 1930 pour tenir compte des frais professionnels spécifiques aux métiers du journalisme, prend la forme d’une allocation pour frais d’emploi prévue à l’article 81 du code général des impôts (CGI). Depuis 1998, les journalistes, rédacteurs, photographes, directeurs de journaux et critiques dramatiques et musicaux peuvent déduire forfaitairement 7650 euros de leurs revenus imposables, au titre des « allocations pour frais d’emploi » destinées à couvrir les dépenses inhérentes à leur profession, sous certaines conditions de revenus. L’amendement de Denis Masseglia propose de modifier ces conditions.
Une nouvelle taxe Gafam dans les cartons
Les députés ont approuvé, le 22 octobre, en commission des Finances une taxe visant les grandes entreprises de la tech américaines, qui prévoit de porter de 3 à 15% le taux de la taxe sur les services numériques, tout en augmentant le seuil de taxation au niveau mondial de 750 millions à 2 milliards d’euros, pour éviter d’embarquer des acteurs français comme Le bon coin. Cette taxe, si elle était adoptée, pourrait rapporter « quelques milliards d’euros », affirment ses promoteurs.
Chloé Fournier




