Deux ans après son lancement, l’Opinion est un quotidien
papier de huit pages, « ramassé et dense », diffusé à 35 000 exemplaires (dont
60% sont des exemplaires payés). Sur le numérique, initialement érigé en
priorité, l’audience progresse, passant de 400 000 visiteurs uniques en
septembre 2014 à 720 000 actuellement. A l’occasion de cet anniversaire, le
journal publie un supplément papier, le 20 mai, en analysant comment ce qui
était à la Une il y a deux ans est toujours d’actualité. Rémi Godeau nous en
dit plus sur ce dossier, mais aussi sur le chantier numérique de l’Opinion,
pour repenser en Web first.
Les Clés de la
presse. Pourquoi avez-vous choisi de réaliser un supplément à la thématique peu
commune, regardant vers le passé, pour fêter vos 2 ans ?
Rémi Godeau. Ce
n’est pas évident de faire un numéro anniversaire sans tomber dans
l’autocélébration. Avec ce supplément de 12 pages, nous voulions rappeler ce
qui faisait la Une le 15 mai 2013 (jour de lancement du quotidien papier), qui
étaient les personnes qui faisaient l’actualité, voir ce qui avait marqué
l’actualité culturelle. A partir de cela, nous voulions voir ce qu’il s’était passé
depuis deux ans. Nous avons travaillé sur la rétrospection et la prospection
autour de plein d’événements, avec les outils d’analyse, de décryptage, de
commentaire, qui caractérisent l’Opinion, journal politique, engagé,
pro-business, libéral. L’exercice n’est pas artificiel. Au contraire, il est
très instructif.
Sur quels sujets
êtes-vous revenu ?
R.G. L’Opinion a
suivi des aventures, parfois hors-normes, depuis deux ans. Le 15 mai 2013,
François Hollande était dans une séquence importante : il préparait sa deuxième
conférence de presse qui avait lieu le lendemain. Nous en profitons pour
comparer sa communication, à l’époque et aujourd’hui. C’est aussi le jour où il
a rencontré les parlementaires de la majorité : on ne parlait pas encore de
frondeurs, mais la majorité tanguait. Le 15 mai 2013, Carmat recevait aussi
l’autorisation de tester son cœur artificiel sur des hommes. Trois
implantations plus tard, nous revenons sur deux ans d’une aventure
extraordinaire et sur les possibilités de l’homme augmenté. Nous aurons aussi
un papier sur tout ce qu’on disait de l’Opinion au moment de sa naissance.
Beaucoup pensaient que nous ne tiendrons pas six mois, un an, et avaient des
phrases assassines à notre égard.
On ne parle pas ici
de numérique, pourtant érigé en priorité il y a deux ans. Que prévoyez-vous
pour le Web ?
R.G. Nous aurons
une déclinaison numérique du supplément, avec des reportages vidéo, l’édito
vidéo de Nicolas Beytout sur les deux ans de l’aventure de l’Opinion, la
reprise des papiers. Mais surtout, nous ouvrons un gros chantier : la refonte
du site, prévue pour le mois d’octobre. Le papier a pris le pas sur le
numérique, alors que le projet de l’Opinion était d’abord numérique. Nous
allons utiliser la notoriété que nous a donné le papier pour doper le
numérique. Nous allons réorganiser la rédaction pour mettre en place un reverse
publishing et faire quelque chose de novateur.
Propos recueillis par Jessica Ibelaïdene