L’idée circule au sein du groupe Amaury depuis 2008, mais
personne jusqu’ici n’avait osé franchir ce cap. Le 18 septembre, l’Equipe abandonnera son format broadsheet, historique,
et adoptera le tabloïd, deux fois plus petit. Cyril Linette, directeur général
du journal depuis trois mois, nous explique les raisons de ce grand changement.
75% d’opinions
favorables à cette transformation
De nombreuses études concernant le changement de format ont
été menées par le journal, et la rédaction a même conçu plusieurs numéros zéro.
Le 10 juin, le quotidien sportif a réalisé un test grandeur nature : il a mis
en kiosque un numéro en format tabloïd et a demandé leur avis aux lecteurs. «
Les résultats ont été très positifs, nous confie Cyril Linette, alors même que
je m’attendais à ce que les lecteurs soient plus conservateurs. Cette nouvelle
proposition a suscité 75% d’opinions favorables. C’est un peu moins chez les
lecteurs très fidèles, 65%. Ces réactions ont pesé dans la décision de passer
définitivement au format tabloïd ».
Un contenu mieux mis
en valeur
Même si le calendrier est court, Cyril Linette veut profiter
d’un grand événement sportif, avec l’ouverture de la coupe du monde de rugby, «
qui offre de belles perspectives », pour se jeter à l’eau. « Si on ne le fait
pas le 18 septembre, cela repousse le projet à l’Euro 2016. C’est un peu loin
pour lancer une innovation. De plus, ce n’est jamais mauvais pour une
entreprise de travailler dans l’urgence », se plaît-il à penser. Il faut
retravailler la maquette, pour l’adapter au format tabloïd, la Une, la mise en
valeur du contenu, l’harmonie entre les différents éléments (photos, textes,
infographies, éditing…) « On doit rester l’Equipe, avec son exhaustivité et sa
sobriété. Les sports olympiques seront mieux mis en valeur, car les papiers ne
seront pas noyés au milieu de sept ou huit autres disciplines, grâce au format
tabloïd. On doit aussi progresser dans l’événementialisation des temps forts,
pour en parler plus longtemps, s’en emparer un peu plus ».
Mieux fidéliser les
lecteurs occasionnels
Cyril Linette pense que le format broadsheet, bien
qu’historique, a sans doute conduit à une « relative désaffection de la part
des lecteur. Le
format est contraignant pour la lecture. Les doubles pages peuvent paraître un
peu touffues, certains articles interminables même s’ils intéressent le
lecteur. Il ne prend pas forcément le temps de lire le contenu dans la journée,
et finit par ne plus acheter le journal ». Le format tabloïd est « plus
pratique, maniable, lisible, moderne », et permet de mieux profiter du contenu
selon lui. Les lecteurs occasionnels seront donc moins découragés par la
lecture du journal, reviendront plus facilement, et soutiendront la diffusion.
Si bien que la diffusion, stable depuis le début de l’année (+0,3%, à 210 793
exemplaires), devrait continuer à s’améliorer jusqu’à la fin 2015. « Nous
voulons adresser aux lecteurs un message de relance. Nous n’allons pas faire
d’économies sur leur dos puisque, si le format est deux fois plus petit, nous
allons doubler la pagination, pour atteindre 40 pages en moyenne. Nous voulons
aussi montrer qu’il y a toujours une place pour la consommation du papier, pour
le plaisir de lire un journal que l’on souhaite agréable ».
Jessica Ibelaïdene