Comme chaque année, le département Tendances &
prospective d’Ipsos vient de présenter son étude Trend observer, dont
l’objectif est de détecter les signaux faibles qui feront les tendances de
consommation de l’année 2016. Après « l’âge du faire » en 2015,
l’édition 2016 est intitulé « la vague et la digue ». Décryptage.
Le contexte
Pour Thibaut Nguyen, directeur du département Tendances
& prospective d’Ipsos, 2016 s’inscrit dans un contexte totalement nouveau.
Dans un environnement anxiogène, marqué par le terrorisme, les migrants et
l’inquiétude écologique, les « veilleurs » d’Ipsos (des trend-setters
vivant aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis ou au Japon) se posent beaucoup
de questions et affichent un besoin de quête de sens, de respiration (pour
arrêter le sentiment d’une vie qui défile à toute vitesse), de mieux ressentir
leur corps… « Pour endiguer la vague qui déferle sans cesse dans nos vies,
ils mettent en place cinq modalités de réponses, cinq comportements, précise
Thibaut Nguyen : accomplir sa mission, mettre des filtres, augmenter ses
capacités, trouver sa magie et éprouver le réel ».
Un besoin de
respiration
Parmi ces cinq tendances, la recherche de filtres, de
respiration, correspond à un besoin vital. « A l’heure où le temps digital
s’étend toujours plus, au détriment du temps physique non connecté, nous avons
besoin de filtres », analyse Thibaut Nguyen. S’il n’est plus possible de
faire le tri par soi-même, il faut trouver des structures qui le fassent pour
nous : c’est dans ce cadre que s’inscrit par exemple le lancement, cette
année, de la Matinale du Monde ou de Brief.me. « Pour les marques, l’enjeu
est d’autant plus crucial qu’elles ne doivent pas inspirer le rejet »,
ajoute-t-il. Pour toucher leurs clients, pas question d’être omniprésentes, le
succès passe plutôt dans leur capacité à « s’insérer dans le flux du
client ».
Un retour au réel
Dans la même logique, 2016 devrait voir un retour vers le
réel : « à l’heure où le temps non connecté se raréfie, le temps
physique va être survalorisé », poursuit Thibaut Nguyen. Pour les
trend-setters d’Ipsos, cela se traduit par la quête de rencontres physiques
pleines d’émotions, « avec un besoin de toucher et de voir ». C’est
pour répondre à cette attente que certains pure-players ouvrent des points de
vente réels. Un phénomène qui devrait s’accélérer cette année.
Didier Falcand