A 10 ans, Philosophie magazine a réussi son pari de traiter
l’actualité avec l’angle de la philosophie. Pour son fondateur, Fabrice
Gerschel, l’avenir passe désormais par l’accélération de son développement, sur
le Web comme en matière d’événementiel.
Le concept des
festivals de philosophie testé en grandeur nature
L’organisation, le 15 juin, à la Bellevilloise, à Paris,
d’un festival de philosophie, est l’occasion pour la rédaction de Philosophie
magazine de fêter avec ses lecteurs son dixième anniversaire, doublée par la
sortie du numéro 100, mais Fabrice Gerschel voit plus loin. Pour le fondateur,
et actionnaire principal, du mensuel, c’est surtout l’occasion de tester la
validité d’un concept qui pourrait être appelé, à l’avenir, à devenir un socle
important du modèle économique de l’entreprise. « Le magazine reste, et
restera, le cœur du dispositif nous explique-t-il dans un entretien aux Clés de
la presse, mais il nous faut aussi imaginer d’autres relais de croissance, et
les festivals de philosophie en sont un, surtout au moment où le système de
distribution traditionnel de la presse (la vente au numéro, NDLR) est de plus
en plus fragilisé ». Fabrice Gerschel est d’ailleurs persuadé que la
diffusion de Philosophie magazine (54 023 exemplaires en 2015, en
progression de 1,42% sur un an) serait largement supérieure si le réseau
s’était maintenu autour des 30 000 points de vente, contre moins de
25 000 aujourd’hui. « Je ne me fixe pas d‘objectif pour les années à
venir, mais la barre des 80 000 exemplaires aurait été possible sans la
crise », poursuit-il.
Un dossier numérique bientôt
déposé devant le fonds Google
En attendant de connaître le potentiel réel des festivals de
philosophie, Fabrice Gerschel a fait du développement numérique l’une de ses
priorités pour 2016. « Nous partons de loin, car nous avons très peu
investi dans ce domaine jusque-là, reconnaît-il, mais notre potentiel est élevé
si l’on en croît nos 520 000 fans sur Facebook ». S’il ne veut pas en
dire davantage sur le sujet, il avoue néanmoins être en train de finaliser un
gros dossier pour le fonds Google pour un site Internet payant mettant en avant
ses 10 ans d’archives. « Si ça marche, on peut doubler ou tripler notre
chiffre d’affaires numérique », précise-t-il. En revanche, pas question de
se lancer à l’étranger : si l’expérience allemande est un succès
(30 000 exemplaires au bout de cinq ans avec un équilibre d’exploitation
déjà atteint), elle restera unique. « C’était une opportunité à saisir,
mais nous n’avons aucun autre projet de ce type ».
A la recherche de
recettes supplémentaires
Pour accroître son activité, il préfère miser sur la
publicité et les diversifications. Une mission confiée à Anne Borromée,
ancienne du Monde publicité, qui a rejoint Philosophie magazine comme
directrice du développement il y a tout juste un mois. Elle devra organiser
l’activité de régie sur le hors-captif (depuis que la régie sur la publicité captive
a été internalisée il y a deux ans, son chiffre d’affaires a été multiplié par
deux) et accélérer le développement des conférences de philosophie en
entreprises, qui rencontrent beaucoup de succès (sur les thématiques de la
diversité culturelle, des valeurs, du changement, de l’efficacité personnelle,
etc). « Les deux activités me semblent très complémentaires et riches en
synergies », estime Fabrice Gerschel.
Didier Falcand