Chez Bayard, l’international et le numérique sont au cœur
de la stratégie de développement du groupe. Et le projet que vient de lancer la
Croix s’inscrit exactement dans cette ligne. Le quotidien a mis en
ligne, le 20 octobre, un nouveau site en anglais, baptisé tout simplement la Croix
international. Dans un entretien aux Clés de la presse, Arnaud Broustet,
administrateur général du journal, explique comment la marque espère ainsi
conquérir de nouveaux lecteurs.
Une sélection d’articles de fond
Mis en ligne hier, 20 octobre, la Croix international est un
site responsive en anglais qui proposera quotidiennement une sélection
d’articles traduits du journal. « Notre sujet n’est pas de faire du
breaking news, du flux, mais d’apporter des articles de fond, dans tous les
domaines d’expertise de la Croix », décrit Arnaud Broustet. Au
programme : des sujets internationaux, sociétaux, sur l’éducation, la
culture ou encore le fait religieux, avec le recul et le savoir-faire propres
au journal. « Notre approche est qualitative, avec une valeur ajoutée
forte », ajoute-t-il. Cette sélection sera opérée en lien avec la
rédaction en chef du journal et Robert Mickens, basé à Rome, jusqu’ici
rédacteur en chef de Global pulse, un agrégateur de contenus de la presse catholique
en anglais avec lequel la Croix travaillait déjà, et qui a permis au journal
d’identifier une audience internationale. Pour traduire les articles, le
quotidien fait appel à des traducteurs un peu partout dans le monde, afin
d’être présent sur différents fuseaux horaires et d’accroître la réactivité.
« Le numérique abolit les frontières »
Lancé « en mode lab », loin d’une « logique
industrielle », selon Arnaud Broustet, la Croix international est une
offre exclusivement digitale. A la conquête de nouveaux lecteurs, le numérique
a l’avantage « d’abolir les frontières et de nous dégager des contraintes
d’affranchissement, de papier, d’acheminement… » Concernant la cible, elle
est assez large : « des Français vivant à l’étranger, des étudiants
qui veulent se perfectionner en anglais, même si ce ne sont pas les publics
prioritaires ». Surtout, insiste l’administrateur général du journal,
« nous faisons un pari : la Croix international peut intéresser un
public anglophone, un peu partout, grâce à son regard singulier de quotidien
d’information politique et générale, européen, français et catholique ».
Le tout dans un contexte où de nombreux sujets abordent les questions
religieuses et la religion.
Un nouveau levier de croissance
Et comme Bayard a la conviction « que l’information de
qualité a une valeur, qu’elle doit être défendue et donc monétisée », la
Croix international a choisi un modèle économique payant, avec un paywall et un
système d’abonnement (39 euros par an). Arnaud Broustet ne se risque pas à
donner un objectif d’abonnés précis. « Mais nous n’avons pas besoin de 100
000 abonnés » pour atteindre l’équilibre d’ici à trois ans et constituer
un levier de croissance pour le journal. Et ce n’est pas le seul projet que développe la Croix pour
étendre le domaine de la marque. Toujours à l’international et sur le
numérique, le fil expert sur la religion Urbi et orbi devrait débarquer vers la
fin de l’année en Asie, et en langue anglaise. En partenariat avec Ucan (qui
est aussi un partenaire privilégié pour le lancement de la Croix international,
même si le projet est « 100% Bayard »). Mais avant, un autre Urbi et
orbi a été lancé il y a quelques semaines en Afrique. Réalisé depuis le
continent africain, son modèle est un peu différent puisque, compte tenu de l’écosystème
et de la réalité locale, c’est un site gratuit. Un investissement « assumé
par Bayard », qui cherche à chaque fois à s’adapter aux publics qu’il
vise.
Jessica Ibelaïdene