Les élections à la Commission de la carte d’identité des journalistes
professionnels (CCIJP) sont ouvertes jusqu’au 17 mai. Cette année, l’une des
préoccupations des organisations syndicales consiste à mobiliser la profession,
car seulement 35,6% des inscrits ont voté au dernier scrutin de 2015. Un phénomène
qui se répète depuis plus d’une décennie, ce qui représente un danger pour cet
organisme paritaire. Explications avec Vincent Lanier, premier secrétaire
général du Syndicat national des journalistes (SNJ), qui est arrivé en tête en
2015 avec 47,9% des voix.
Les Clés de la presse. Les scrutins précédents ont montré
une vraie difficulté à mobiliser les journalistes pour cette élection. Comment
l’expliquez-vous ?
Vincent Lanier. Le
phénomène n’est pas nouveau : la participation est en baisse continue.
Depuis quatre ou cinq scrutins, le quorum n’est pas atteint au premier tour.
Nous ne savons pas quelles sont les raisons pour lesquelles les journalistes ne
votent pas. La profession est beaucoup plus éclatée aujourd’hui. Le temps des
grandes rédactions de presse écrite est fini. Il y a beaucoup plus de petits
médias, notamment en radio ou sur le Web., et beaucoup plus de pigistes et de
précaires, dont certains sont un peu isolés. Il y a une défiance globale de la
société vis-à-vis les institutions, dont la CCIJP fait partie, et la profession
n’est pas en dehors de ce contexte. La participation en baisse est un danger,
car une participation faible peut discréditer l’instance et les représentants
élus. Malgré tout, ces 35 % restent représentatifs.
Le rôle de la commission est-il suffisamment clair pour
les journalistes ?
V.L. Une partie
des journalistes ne savent pas qu’est-ce que la Commission, ou à quoi sert la
carte de presse. Il y a une forme de méconnaissance autour de cette instance.
Le SNJ essaie d’informer le mieux possible et la commission, elle-même,
communique beaucoup plus que ce qu’elle faisait auparavant, à l’instar de la
création de sa newsletter. L’idée, c’est que cette instance ait un contact plus
régulier avec les journalistes, au-delà du moment des élections et de la
délivrance et du renouvellement de la carte de presse.
Que faites-vous pour mobiliser les journalistes pour ce scrutin
2018 ?
V.L. Cette année,
notre présence est plus accentuée sur les réseaux sociaux, pour faire connaître
notre campagne et, par conséquent, les élections. Nous nous appuyons sur le
compte Twitter du SNJ national, qui a un nombre considérable de followers,
ainsi que sur les comptes régionaux et sur notre page Facebook. Il n’est pas sûr
que ces actions auront un impact sur la participation des journalistes, mais
nous ne pouvions pas ne pas y être. Nous avons également organisé des débats dans
les clubs de la presse : j’étais à Lyon, Claude Cordier, qui est le
président sortant de la carte de presse et aussi candidat du SNJ, est allé à
Strasbourg... Malheureusement, ces réunions ont un impact limité, car elles
mobilisent peu de participants, même si ces derniers peuvent en parler à leur
entourage. Depuis que le scrutin est ouvert, la participation n’est pas encore
très élevée, mais reste au niveau de celle d’il y a trois ans. Comme la période
de votes est plus longue, nous espérons être au-dessus du chiffre de 2015.
Propos recueillis par Ylessa Stéphanie Oliveira