Un peu plus
d’un an après son arrivée, Clément Delpirou, directeur des activités presse
d’Altice France (et cogérant de Libération), est optimiste pour l’avenir du
quotidien. « Nous envisageons le retour à la croissance du chiffre
d’affaires pour Libération en 2019, affirme-t-il. Ce serait une première depuis
dix ans ». Le fruit d’une stratégie axée sur une digitalisation à marche
forcée et une refonte éditoriale autour de la recherche de contenus exclusifs
et de l’investigation.
Dès son
arrivée, début 2018, à la tête du journal, Clément Delpirou a fait de la
digitalisation l’axe majeur de sa stratégie. « C’est un élément essentiel
pour inverser la tendance et renouer avec la croissance, nous expliquait-il en
juin dernier. Et c’est réaliste : il suffirait
que 0,7 % de nos visiteurs numériques mensuels paient pour redresser la barre.
Avec 70 000 abonnés numériques, nous serions à l'équilibre, et 80 000 abonnés
numériques nous permettraient de gagner de l'argent. Cela ne me semble pas
irréalisable dans les 24 mois ». A condition, bien sûr, de « sortir
de l'information standardisée », et de proposer une offre originale. C'est
dans cette optique que Libération a lancé au cœur de l’été une offre
d'abonnement reposant sur trois piliers : des verticales de contenus (le
P'tit Libé, Chez Pol, Tu mitonnes et Rajeux), des services, comme Checknews,
pour lutter contre les fake news, et de nouveaux formats éditoriaux comme les
stories de Libération. La digitalisation s’est aussi traduite par le
recrutement d’une quinzaine de développeurs et d’experts digitaux en 2018, et
l’arrivée, début 2019, de Régis Verbiguié (en provenance du Figaro) à la tête
du digital, et d’Adèle Bacos (ex-Mediapart) comme responsable CRM.
Un
portefeuille d’abonnés numériques en croissance de 40%
Et ça marche si l’on en croît Clément Delpirou, selon
lequel le portefeuille numérique de Libération progresse chaque mois de 1000
nouveaux abonnés depuis le mois de septembre, pour atteindre selon l’ACPM les
18 000 personnes en novembre (10 400 versions individuelles et 7100
versions par tiers), sur une diffusion France payée de 67 404 exemplaires.
« La croissance du numérique a permis de stabiliser la diffusion totale du
journal », poursuit-il. Parallèlement, Libération a connu en décembre une
audience record à plus de 7 millions de visiteurs uniques. Pour accélérer le mouvement, le quotidien va lancer au 2ème
trimestre 2019 deux nouvelles verticales. « Idées et débats » transposera sur le digital la profondeur de
cette rubrique papier, l’un des marqueurs fort de l’identité du journal. A un
an des municipales à Marseille et à un moment où la ville est au cœur de
l’actualité, « Libé Marseille »
s’attachera à analyser les lignes de force de la ville.
Didier
Falcand